Mahoua S. Bakayoko : La rébellion de ZANTIGUI . Entre espoirs et terreurs.
La couverture du Livre rébellion du ZANTIGUI |
La quatrième de couverture du livre déçoit et pour cause. Les mots sont
déplacés de leur contexte, comme jetés pour remplir les treize lignes. Du
rĂ©sumĂ© Ă la prĂ©sentation de l’auteure, la page crie le pathĂ©tique et le revers.
Pourtant, dans son intégralité, le livre est un délice. A part des
coquilles aux pages 15, 41, 88, 91 et 94 et des fautes d’expressions, le livre
tient en haleine le lecteur. Avec un niveau de langue moyen, Il se lit
aisĂ©ment. Mahoua nous plonge dans l’univers barbare, malhonnĂªte, quelques fois
cruel des immigrés à travers 11 nouvelles de 157 pages. Toutes les histoires
sont bien montĂ©es, avec continuellement ce goĂ»t d’inachevĂ© et de tristesse dans
lequel elles nous laissent.
L’exemple de Bernard Nomel est un vĂ©ritable questionnement. ImmigrĂ© Ă
New-York pour poursuivre ses études en informatique, il décide contre toute
attente d’Ă©pouser la femme pieuse que lui choisirait sa mère. Mais Bernard aime
toujours Yeruscha, cette jeune fille avec qui il a partagé deux années de sa
vie, et qui l’a aimĂ© malgrĂ© son nanisme. Dans la foulĂ©e, les Nomel se rendent Ă
Soubré doter coutumièrement au nom de leur fils une belle et pieuse choriste
nommée Eudoxie. Elle atterrit à New-York une année plus tard. Mais, elle
disparaîtra avec un autre homme. Bernard fait connaissance alors avec
l’amertume. Tout est Ă refaire …
L’autre exemple est celui de l’imam et Nafi Jolie. Cherif, l’imam
polygame de Bamako, est celui choisi par les immigrés africains musulmans pour
couvrir et diriger le grand mois spirituel (Ramadan). Il fera alors le
déplacement pour Los Angeles tout frais payé. Sa connaissance intraitable du
Coran et sa solide réputation de formuler des prières spéciales résolvant les
problèmes existentiels seront pour lui un atout majeur. Il est tout de suite la
coqueluche des femmes et des immigrĂ©s en quĂªte de papiers. Ils offrent
d’importantes sommes Ă l’imam afin de voir rĂ©aliser leurs projets. L’imam
devenu si tĂ´t cĂ©lèbre monte les enchères. C’est ainsi qu’il fera la rencontre
de la belle Nafi Jolie, l’Ă©pouse d’un polygame. L’imam tombe amoureux de la
jeune femme et dĂ©cide de l’Ă©pouser. Ce que la jeune femme acceptera sans trop
de difficultĂ©. Une fois le mariage cĂ©lĂ©brĂ©, Nafi devient l’ange de Cherif qui
lui confie toute sa fortune et s’envole pour Bamako suite Ă des urgences. A son
retour Ă Los Angeles, aucune trace de Nafie. Il retrouvera plutĂ´t une
convocation de loyer impayé et un compte vide.
Et des cas comme ceux de Bernard et de Cherif pullulent cet
ouvrage plaisant. Etre immigré ne donne pas droit forcément à une claque, il
faut juste savoir lire entre les lignes, compter la teneur des mots, et
surtout, Ă©couter les plus anciens. C’est ce que M.S.B essaie de nous dĂ©crire
dans cette nouvelle à lire absolument par tous les prétendants au départ pour
les Etats-Unis, mais aussi, par « tous ceux qui rĂªvent de voir
l’immigration non comme une erreur, mais comme une faveur ».
Manchini Defala
Bakayoko S. Mahoua, Tounghan ou les Ă©cueils de l'immigration, Ă©ditions
Balafons, 2012
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